Le verdict est tombé il y a
quelques jours, le mardi 17 décembre 2013. Tu n’y a pas cru sur le moment, pas
tout à fait, malgré ce que ton corps t’exprimait. Le rendez-vous téléphonique
du lendemain avec l’oncologue, l’ultime espoir, le confirmait. L’année 2014
s’achèvera plus tôt pour toi. Année incomplète en ta compagnie pour les tiens
et nous, tes amis. Selon la médecine, il te resterait de six à neuf mois à
vivre, après huit années de luttes, d’espoirs, de difficiles traitements, de
récidives. Mardi, Louise m’appelait, j’allais justement à Montréal. Vous m’avez
accordé le privilège de partager avec vous ce mercredi sombre. Hasard,
synchronicité?
Tu as vécu beaucoup de colère
contre ce sort. Pour les derniers milles, tu désires réaliser quelques rêves.
Tant que nous vivons, nous en avons; preuve que tu es bien vivant. Tu aspires à
une qualité relationnelle avec tes proches et en particulier avec ta douce
Loulou, comme tu le dis si tendrement. Je te souhaite la sérénité de savourer
chaque bonheur qui passera, chaque présence, chaque moment. Que les heures
difficiles n’empêchent pas de goûter les heures heureuses, car il y en aura,
jusqu’à la fin. Je te souhaite d’apprendre à vivre avec ton terroriste, comme
tu l’appelles, dans une cohabitation pacifique. J’ai entendu cela de quelqu’un
longuement malade – toute sa vie à vrai dire. Plutôt que de lutter contre, il
apprivoisait cet étranger en lui, choisissait la cohabitation pacifique. Cela
lui valut d’être déclaré doyen de longévité par ses médecins. La science a épuisé
ses ressources, il reste la vie. Et, peut-être, est-ce moi qui ne veux pas le
croire, qui espère un de ces dénouements inattendus que l’on appelle un
miracle?
Pierre, mon ami Pierre, voilà
bientôt 35 ans que nous nous connaissons, l’année même où tu as rencontré
Louise, amie de toujours. J’étais enceinte, tu étais tout en précautions et en
attentions avec moi. Vous demeuriez à Québec où j’habite maintenant.
J’ai été émue et remuée par cet
accueil dans votre intimité en ce mercredi soir, je ne l’oublierai pas. Il
s’agit d’un témoignage d’amitié et de confiance qui me touche profondément. Je
retournerai à Montréal dans les prochains mois, je te reverrai, je vous
reverrai.
Alors Pierre, à la prochaine!
© Colette Bazinet. 2013
Très émovant cousine, j'en pleure...une amitié très privilégiée en effet...Merci à lui et merci à Louise et merci à toi de ce profond partage..
RépondreSupprimeret c'était l'anniversaire de Louise hier…
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