mercredi 29 février 2012

encore de la faute aux vieux et aux vieilles

« On va frapper un mur », titrait Le Soleil lundi, à partir d'un récent diagnostic régional demandé par le Conseil de la culture Québec-Chaudière-Appalaches. Mon commentaire porte sur l'article, non sur le rapport que je n'ai pas en main. Ceci dit, c'est encore le spectre du vieillissement de la population qui est brandi.

Il y a complaisance à tout confondre. D'abord, on apprend que la culture se porte bien à Québec. Toutefois, comme il s'agit d'une bonne nouvelle, il va de soi qu'il faut passer à autre chose. L'analyse craindrait le bris de l'envol. Raisons invoquées : d'abord le vieillissement de la population, viennent ensuite le manque de financement privé et le désengagement gouvernemental. Québec aurait le plus faible taux de financement provenant du privé de la province, c'est majeur. Le gouvernement conservateur est d'une totale insensibilité à la culture (et à bien d'autres sujets) et veut y mettre la hache, il ne s'en cache pas. Au provincial, le couperet oscille toujours sous prétexte d'équilibre budgétaire, comme si la culture ne contribuait pas à la vitalité sociale et économique. Alors, comment cela se fait-il que l'on nomme d'abord le soi-disant vieillissement de la population comme facteur de risque pour la culture ? Parce que c'est plus facile de fesser sur une masse informe de population que sur les vrais responsables.

Oui, les boomers sont là... et pour longtemps si l'on se fit à l'espérance de vie. Pas comme fardeau, mais comme contribuables et contributifs, tant à titre de créateurs que de public. On escamote trop souvent que la créativité n'est pas l'apanage de la seule jeunesse. De plus, les notions de vieillesse changent. Les vieux-vieux ont maintenant 80 ans et plus ; je ne l'invente pas. Dans le domaine de la santé, on raffine la notion depuis un moment.

Avoir 50, 60 et même 80 ans n'est pas un problème de société en soi. Ces gens créent, consomment, aident, travaillent, etc. Plus on leur en donnera les moyens, par la reconnaissance sociale, par des conditions matérielles adéquates, mieux le Québec s'en portera. Cela est vrai pour tous les segments de la population.

Certains organismes, notamment en matière de musique classique, rencontrent des problèmes spécifiques. Ils doivent diversifier leur public, par crainte que l'actuel crève. Soit. Diversifier n'est pas que rajeunir, cette dernière n'étant qu'une des voies possibles de la diversification. 

Ce qui menace la culture, c'est l'exclusion, la pauvreté et la précarité, la ghettoïsation de parties de la population, jeunes, vieux, immigrants, Premières nations, gais, lesbiennes, trans, mettez-en. C'est le désengagement privé et gouvernemental.



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http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/sur-scene/201202/26/01-4499983-on-va-frapper-un-mur-marc-gourdeau-sur-lavenir-de-la-culture-a-quebec.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&amp ;utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_sur-scene_344_section_POS1