mercredi 31 juillet 2013

Le paradoxe urbain

La vie sur le voilier s'avère fort active et grégaire. Arrivées, départs, aides à l'accostage. Plus souvent dehors qu'à l'intérieur, donc à croiser les autres plaisanciers. Et le vent, le vent qui épuise.
Placotages : un voileux, cycliste à ses heures, a été victime d'un étrange accident : une perte de conscience en circulant qui a entraîné une chute avec blessures, une évidence ! Et en soirée, une dame, en vélo elle aussi, plonge de plus de trois mètres dans les roches en bas du quai public. Maladresse en s'arrêtant. Ambulance, difficultés à la monter sur civière de l'enrochement riverain, sa petite fille tout inquiète sanglote.
La nuit s'installe. En pyjama, je sors dans le cockpit finaliser des détails avant de me coucher. Voilà que mon voisin de quai émerge de son bateau — je le croyais parti en ville. Il l'était. Il a reçu un appel d'une amie en pleine tentative de suicide, est arrivé à temps, médicaments, lacérations, ambulance encore... et nettoyage du sang : « Je ne voulais pas laisser cela dans cet état, pour les enfants (adultes) ». Je vêts un polar et des bas de laine afin de m'asseoir et l'écouter un moment.
Intense cette vie. Il me faut du calme et la semaine s’annonce pluvieuse.
Je rentre en ville me reposer un peu d'Éole et du reste, retrouver un peu de solitude, vaquer. Loin de la nature, dans mon appartement tout à fait urbain.





©Colette Bazinet, 2013



mercredi 3 juillet 2013

alter ego en embarcation d'écriture

À la radio, ce matin, André Major racontait son passage à Lisbonne comme une rencontre avec son alter ego. Ce tout autre soi que l'on expérimente lorsque transplanté ailleurs.

Je reviens du Portugal. Le dépaysement : une langue inconnue (malgré mes efforts pour en apprendre les rudiments), des sonorités, des parfums, des lumières, tout déstabilise. Il faut ajouter qu'en arrivant dans la capitale, j'ai fait une entrée papale en embrassant le sol, ou plutôt les marches, d'un escalier qui, lui, est resté de marbre. La tempe saignante contre la deuxième marche, sonnée, les lunettes toutes écartillées, j'ai cru m'être fracturé des cotes et des doigts. Une belle émotion sans conséquences au bout du compte. Mais avez-vous déjà essayé d'appeler à frais viré votre assurance en passant par une cabine téléphonique ou des messages enregistrés vous répondent en portugais ? Ils ont eu raison de moi. Était-ce une sorte de mini choc culturel?

Je rêve depuis longtemps de résidences d'écriture. Ma petite expérience à P'town l'an dernier m'a confirmé à quel point il peut-être productif de partir, dans ce cas pour de la recherche. Cet été, je récidive en allant vers un projet à ma portée : éloigner un peu mon voilier afin de m'en servir comme résidence.

Me voilà donc en embarcation d'écriture à Saint-Jean-Port-Joli.





©Colette Bazinet, 2013