J’avais noté : les Westfalia ont
recommencé à fleurir. Nous sommes sur la bonne voie. L’hiver ne nous l’a pas
fait facile cette année : long, neigeux pluvieux sur la fin, et froid, et
froid. Depuis un mois au moins nous attendons les signes inéluctables du
printemps; ils manquent. Tant de pluie et de neige que les embâcles et débâcles
ainsi que les niveaux des rivières et des autres, sont hautement surveillés.
Nous empruntons la route de la rive nord, direction Montréal.
La première partie du trajet s’accomplit
sans surprises. Neige sous les arbres, débit et volume impressionnants des cours
d’eau franchis. D’importants amas de glaces échouées et empilées trônent sur
les rivages. Nous passons Trois-Rivières. Enfin, des outardes. Plus loin, les
oies sauvages. Escale vers le nord, bon augure.
Fin de semaine grise. Dimanche, après les
funérailles à Pointe-aux-Trembles, dans un salon sis dans un cimetière moins
connu, parce que moins catholique, nous entamons le retour. Le soleil se
pointe. De part et d’autre du chemin, le lac Saint-Pierre et le fleuve
s’étalent et traversent les terres. Les deux rubans de la 40 surnageant, des bosquets
surgissent d’îles sous-marines. Les champs submergés abritent les milliers
d’oies. D’autres innombrables dansent, droit devant, scintillants sous les
rayons obliques du couchant. Définitivement, le printemps. Je ne sais si tu
vois cela d’où tu es, si tu es. Un bien bel envol! Salut Pierre!
© Colette Bazinet, 2014