samedi 22 décembre 2012

Qu'en dirait Maya?

Le 14 décembre, lorsque je pris les nouvelles sur le web, l'image de ces enfants terrorisés sortants de leur petite — si petite —, école me frappa de plein fouet. Seule dans la maison, je m'exclamai : « Pas encore ! » les yeux remplis de larmes. Que cesse l'innommable ! Et je fus aussitôt accablée par cette autre pensée : celle des enfants qui meurent quotidiennement, en Syrie ou ailleurs. Cette école ressemblait trop à celle de nos enfants, le climat, le paysage, les vêtements. Les autres pouvaient être oubliés.
Et après ?
Il y a les tragédies, puis le voyeurisme. Que cesse la mitraille médiatique de ces drames ! Non qu'il ne faille savoir. Mais il y a une telle indécence à faire la Une internationale avec ces événements. Une telle indécence à s'étendre sur ces tragédies. Être témoins, informés, oui. Toutefois, en voyant la nouvelle, tous savaient qu'il y en aurait pour des jours. On a même affecté un policier par famille afin de les protéger de l'invasion... des médias. Et ces médias servent la population, nous ? Tous voyeurs. J'aurais aimé que ces policiers puissent prévenir l'acte.
Lâchement peut-être, j'aurais aussi aimé ne pas l'apprendre ainsi. Pas si brutalement, ou plus tard. Y être préparée, l'avoir entendu par quelqu'un ou sur les ondes avant de voir ces regards d'enfants. Et ceux qui l'ont vécu eux ? Ils n'ont pas eu le temps de rien apprendre, plongés dans la tragédie. Mais cela, c'est une autre histoire.
Puis il faut comprendre les causes, ou la cause. Les armes appartenaient à la mère, assassinée elle aussi.

Une Américaine comme les autres.

Bien sûr, c'est la faute à la mère, encore. Une vieille, très vieille histoire. Elle aimait ses armes et ses enfants, sans doute. Ou le contraire. Elle avait enseigné les armes à son fils, un enfant timide, introverti, semble-t-il. Dans un pays ou la possession d'armes à feu est un droit constitutionnel, elle remplissait son devoir maternel, enseigner à son fils le devenir citoyen. Une mère comme les autres. La psychologie suggère si souvent de trouver des activités valorisantes, d'aider les mâles de l'espèce à prendre assurance selon des modèles de genre. Dans ce cas, ce fut au-delà de toute espérance. Et comme il est parfois difficile pour un fils de couper le cordon, le meurtre de la mère demeure une issue. La symbolique ne lui suffisait pas. La mère assassinée, assassine à ses yeux de son « je » incertain. Le meurtre des enfants dont elle s'occupait va dans ce sens, il lui fallait effacer toutes traces de survivance de sa mère. Des enfants qu'elle aimait trop, peut-être. Une mère qui a aimé de tout son coeur-courage. Celui des femmes.

Avez-vous noté le courage de toutes ces femmes, directrice, psychologue, enseignantes qui ont tenté d'arrêter, de tromper le tireur? Elles ont sacrifié leur vie pour sauver des enfants, des enfants qui n'étaient pas les leurs. Dans ce pays l'on reconnaît le bruit des balles. Je me rappelle d'une autre tuerie — au déroulement différent, il est vrai —, où bien des hommes sont restés traumatisés de leur inaction, la peur ayant été plus forte. Je n'aurais peut-être pas mieux fait qu'eux.

Je salue le courage de ces femmes.

Je déraille. Ne suis pas experte et ne prétends pas expliquer. Je cherche comme tant d'autres une piste de compréhension, s'il peut en exister une. On invoquera la folie, cela est certain, mais toute folie s'inscrit dans une société, ses valeurs. Toute folie meurtrière est expression — explosion — des tensions sociales internes d'une culture.

Maya

Un cycle du calendrier maya s'est achevé hier. C'est peut-être pour cela que j'aborde ces questions maintenant, en dehors de leur immédiate actualité. Selon les Mayas, un cycle serait terminé, un nouveau, un meilleur commencerait. La petite ville s'appelait Newtown. Puissent les allégations mayas se confirmer.


dimanche 2 décembre 2012

Unité 9, une histoire de femmes

Je ne suis pas une grande téléphage, mais quand j'accroche, j'accroche. Une vraie dépendante affective. Je m'attache aux personnages, ne veux rien manquer de ce qui leur arrive, bloque mon agenda, met le répondeur et, si j'avais un cellulaire, l'éteindrais.

Je me demande s'il ne s'agit pas d'une première dans le paysage télévisuel québécois : une histoire de femmes où les personnages principaux et secondaires sont tenus par des femmes (les rôles d'hommes arrivent après, même s'ils sont, pour la plupart, en situation de pouvoir). Le propos est l'histoire de ces femmes, leurs interactions, leur sexualité même. Il est rare que l'on parle de la sexualité des femmes en l'absence de la présence physique des dits hommes. Pas question des mésaventures sexuelles ou amoureuses ici, mais bien de leurs besoins tout courts. Et à une heure de grande écoute, enfin ! Depuis le temps que l'on voit au lit des couples hommes-femmes et que l'on évacue les besoins des femmes, cela fait changement. Mais ce qui est également intéressant, c'est que pour ce faire, on a dû enfermer ces femmes.