Tente dressée sous les bouleaux et les saules, rivière
aux pieds, trois kayakistes défilent, papotages lointains des voisins, les
huards se promènent non loin d'ici, brise
du nordet, déjeuner plantureux, bonne compagnie, on gratte du ukulélé ; la
journée s’annonce belle.
Après un mois passé à bord de L’Opium XXX, je petit
voyage autrement. Visites d’amies et de famille non atteignables par voie
navigable. Chalet, camping. J’étrenne un matelas autogonflant qui ne porte rien
de moins, comme nom, que celui de dream.
Un rêve ! Mélange d’air et de mousse prétendue intelligente. J’ai fait autant
d’insomnie que d’habitude, mais tellement confortable !
Je soigne mon veuvage des bleuets en rejoignant ma
compagne sur les lieux sacrés. Fin du deuil. Cependant, suis-je apte à relever le défi ? Je crains ne pas
avoir le courage de me lever à cinq heures du matin pour l’accompagner sous la
chape de plomb soleil-chaleur, le temps de cueillir et de prendre quelques photos. Nous dormirons
ensemble quand même, n'est-ce pas ?
idem |
Installée à l'ombre sur le rivage, en plein dilemme éthique, je savoure égoïstement le fruit de son labeur.
© Colette Bazinet, 2014