Bribes de phrases, amalgames de mots, images évanescentes.
Après des mois tranquilles à passer au travers chaque journée, faible du matin
au soir, à sommeiller beaucoup, à tenter des nuits pas trop entrecoupées, à
récupérer l’énergie évaporée, j’émerge doucement. Je lis.
Des journaux, puis des romans, des nouvelles, de l’écriture
poétique. Depuis une quinzaine, une bifurcation : revues de photographie,
sans toucher à l’appareil; livre sur l’écriture de fiction, deux textes me font
des clins d’œil que j’évite; des feuilles de musique s’installent au lutrin,
les instruments demeurent presque silencieux. Un espace créatif serait-il en
train de se remettre en place?
Une amie m’a gentiment dit que j’avais dû me tourner vers
l’intérieur, étape nécessaire. J’avais si peu de capacité. Par moment, il fallait que deux ou
trois préposés s’assistent pour me tourner un peu sur le côté dans le lit hospitalier.
Et je les rappelais quelques heures plus tard pour un nouveau virement.
Pourtant, cela ne me démoralisait pas. C’était là, comme ça, pour ce moment
précis. Et l'on se remémorait cela, il y a quelques jours, en riant comme des malades.
Même si l’on ne connaît jamais l’issue de tels passages, l’on sait tout de même qu’il y en aura une, qu’elle soit à notre goût ou non. Nous sommes des êtres mortels.
Même si l’on ne connaît jamais l’issue de tels passages, l’on sait tout de même qu’il y en aura une, qu’elle soit à notre goût ou non. Nous sommes des êtres mortels.
Et voilà que j’émerge, pas neuve, modifiée, progressivement
fonctionnelle. Toujours vivante. Toujours en traitement et en attente d’autres
traitements. Mais vivante, à me demander ce qui m’importe pour aujourd’hui. À
être à l’écoute des fragments d’imaginaires qui se pointent ici et là.
Et je lis à propos d’espaces de création. Ces quelques mots se
dessinent à l’écran.
Aujourd'hui, les enfants recevront des bleuets cueillis par ma compagne et
des tomates cerises de son jardin.
© Tous droits réservés, Colette Bazinet, 2016