vendredi 11 décembre 2015

Ne pas rester dans l'attente

Écrire est un acte long. Pour moi, du moins. Par ailleurs, cette patience nourrit. Écriture, rêverie, lecture, cogitation, écriture, recherche, documentation, rencontres. Relecture, réécriture. Un processus lent et plein de charme dont je ne me lasse pas. La plupart du temps. À certains moments, il m'arrive de devenir incapable d’entrevoir le texte; je le fuis, je fugue, je dérape alors de maintes façons afin d'y échapper. Comme dans tout métier, il a ses heures moins lumineuses, voire sombres. N'empêche, il faut bien prendre congé aussi à l'occasion. Alors voilà, j'ai transmis un texte à quelques maisons d’édition : permission m’est accordée pour un répit. Mais.

Cela prendra des mois avant de recevoir une réponse, pour ceux qui en donnent une (oserai-je « qui daigne en donner une »?). D'autres mois et peut-être même des années avant qu'il soit publié, s’il est accepté quelque part, des éditeurs affichant des calendriers de production remplis pour les trois prochaines années. Peut-être ont-ils de la place et veulent-ils simplement ralentir les ardeurs des écrivantes et écrivants? Mission accomplie, je m’octroie une pause d'écriture. Après une quinzaine, voilà qu'un malaise s'insinue dans mon quotidien. Ce n'est pas que la dépression saisonnière ou le couvert nuageux qui ne nous lâche pas, ou le manque de lumière dû à l'absence de neige et la proximité du solstice. Il s'agit de cette sorte de marasme qui vous envahit lorsque vous perdez pied et confiance, que plus rien ne semble aller alors qu'aucun signal ne va pourtant en ce sens. Une atonie envahissante : la résultante de l'attente. Fin de trêve, il ne reste qu'une inertie malveillante. Avant que la sclérose ne s’établisse entière et complète - je la vois venir, elle m'est familière-, je dois agir.

Je sors un projet en cours et l'affiche à l'écran. Ne plus penser à l'autre, avancer. Seule médecine.



© Colette Bazinet 2015

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