mercredi 21 mai 2014

Vous dites mythologies?

Je poursuis la petite réflexion amorcée lors de mon bref passage au Congrès Boréal. Mention : insérée dans la pochette remise à l'inscription, le numéro 189 de Solaris, revue de science-fiction (SF) et de fantastique. Je reviendrai sur un article qui complétait parfaitement mon questionnement.

Lors de mon dernier billet, je discutais des archétypes, bien pauvres en nombre, du genre féminin. Aujourd'hui, j'aborde les empreintes mythologiques. Rappel du titre de l'atelier : Pourquoi la mythologie et les genres sont-ils de grands alliés ? Religiologue et sociologue de formation, il va sans dire qu'il s'agit là de sujets qui me titillent. Toutefois, je souligne être néophyte des littératures de l’imaginaire.

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Alors voilà. Les protagonistes invités, dans un premier mouvement, mentionnent les mythologies grecques, romaines, voire celtiques. L’une avance qu'elle explore actuellement des mythes inuit. Finalement, la doyenne rappelle l'existence de ceux appartenant à d'autres cultures, notamment africaines ou asiatiques. Surprise : aucune référence aux mondes judéo-chrétiens ! Je trouve cela très intéressant. Est-il plus ardu de reconnaître la richesse des représentations issues de nos héritages religieux directs ? Je me suis d'autant plus posé cette question, centrale dans mon roman Trabouler, quoique j’y fasse davantage référence aux mondes sémito-chrétiens plutôt que strictement judéo.

Je me rappelle avoir eu une préoccupation — qu'un auteur ne devrait jamais avoir : je craignais de tomber dans l'ésotérisme ou de sembler me prétendre gourou. Est-ce lié au fait qu'il s'agissait de cette famille mythologique ? Je me rends compte que je retiens ma tendance à flirter avec le fantasy ou le fantastique. Maudite autocensure ! D'autant plus que dans ces genres, pour le peu que j'en ai lu, laisse une large place à une morale souvent bipolarisée : luttes entre le bien et le mal — que je m'amusais à barouetter un peu. Un auteur me dira que cette bipolarisation morale s’avère moindre dans les écrits plus récents. Tout de même, elle demeure discrète, voire de mauvais goût dans la littérature dite générale.

Je lis le texte Le Vatican et les Extraterrestres, par Mario Tessier (Solaris). Il m'instruit d'une réflexion sur les rapports entre théologie, science et science-fiction. Un encadré rappelle également l'intérêt des Jésuites et de diverses fratries utilisés en SF. Finalement, j'y pense, eh oui, le diable, l'apocalypse et moult figures ont été utilisées dans l'écriture de l'imaginaire. Me voilà rassurée. Mais pourquoi n'ont-elles pas été nommées lors de l'atelier ? Pudeur ? Dissociation conceptuelle ?

Pour ma part, je retiens que j'ai beaucoup à apprendre du métier d'écrivain et, surtout, à ne pas hésiter à lâcher encore plus lousse la folle du logis.





© Colette Bazinet, 2014

lundi 12 mai 2014

Archétypes et imaginaire

   J'ai vécu mon premier Congrès Boréal, début mai. Congrès de la littérature de l'imaginaire, du fantastique, du fantasy et de la science-fiction. Rendez-vous annuel à ne pas manquer, semble-t-il. Cette année, en le voyant annoncé sur FB par une de ses inconditionnelles, je me suis dit, go ! pour la journée du samedi. Une première fois, quand même ! Très stimulant.
   Ces rendez-vous permettent de se ressourcer, de stimuler la créativité, de rencontrer, de deviser… et de constater certaines « avancées », mot mis sciemment entre guillemets. J'assistai donc à quelques ateliers, dont celui-ci : Pourquoi la mythologie et les genres sont-ils de grands alliés ? Genres pour genres littéraires. J'ai eu deux surprises, aujourd'hui il sera question de la première.
   Causer mythologie amène rapidement les protagonistes invités à associer mythes et archétypes. Je ne discuterai pas ici de la pertinence de cette association, mais bien de ces derniers, plus précisément ceux qui concernent le genre, non pas littéraire, mais le mâle et la femelle. Comme dans Gender Studies
  Voilà que Marie de Bulle nous indique que lors de son cursus universitaire, il a été mentionné cinq (5) archétypes pour les personnages féminins : la mère, la vierge, la putain, la guerrière et la sorcière. Je reste estomaquée. En particulier, elle confirme qu'il s'agissait d'un cours de 45 heures, le seul traitant du sujet. J'ai oublié de demander s'il était obligatoire ou optionnel. 
   Cinq ! Après tant d'années de féminisme — que certains prétendent révolu —, les lettres sont passées de trois référents à cinq. De la vierge (et) mère et de la putain, des universitaires sont arrivés à décliner la vierge en guerrière, et la putain en sorcière pour un total de cinq modèles. Point. Pendant ce temps, Sébastien Chartrand attirait l'attention sur l'émergence de nouveaux archétypes, notamment « le méchant colonisateur ». Eux, ils ont continuellement des modèles qui se déclinent, se nuancent, se créent. 
   L'imaginaire de qui, pour qui, pour quoi? 
  En toute fin, Élisabeth Vonarburg rappellera l'importance des écrivaines féministes dans la réécriture des contes.

   Le second constat sera l'objet du prochain billet (si rien ne s'introduit d'ici là!).




© Colette Bazinet