Lors de mon dernier billet, je discutais des archétypes, bien pauvres en nombre, du genre féminin. Aujourd'hui, j'aborde les empreintes mythologiques. Rappel du titre de l'atelier : Pourquoi la mythologie et les genres sont-ils de grands alliés ? Religiologue et sociologue de formation, il va sans dire qu'il s'agit là de sujets qui me titillent. Toutefois, je souligne être néophyte des littératures de l’imaginaire.
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Alors voilà. Les protagonistes invités, dans un premier mouvement, mentionnent les mythologies grecques, romaines, voire celtiques. L’une avance qu'elle explore actuellement des mythes inuit. Finalement, la doyenne rappelle l'existence de ceux appartenant à d'autres cultures, notamment africaines ou asiatiques. Surprise : aucune référence aux mondes judéo-chrétiens ! Je trouve cela très intéressant. Est-il plus ardu de reconnaître la richesse des représentations issues de nos héritages religieux directs ? Je me suis d'autant plus posé cette question, centrale dans mon roman Trabouler, quoique j’y fasse davantage référence aux mondes sémito-chrétiens plutôt que strictement judéo.
Je me rappelle avoir eu une préoccupation — qu'un auteur ne devrait jamais avoir : je craignais de tomber dans l'ésotérisme ou de sembler me prétendre gourou. Est-ce lié au fait qu'il s'agissait de cette famille mythologique ? Je me rends compte que je retiens ma tendance à flirter avec le fantasy ou le fantastique. Maudite autocensure ! D'autant plus que dans ces genres, pour le peu que j'en ai lu, laisse une large place à une morale souvent bipolarisée : luttes entre le bien et le mal — que je m'amusais à barouetter un peu. Un auteur me dira que cette bipolarisation morale s’avère moindre dans les écrits plus récents. Tout de même, elle demeure discrète, voire de mauvais goût dans la littérature dite générale.
Je lis le texte Le Vatican et les Extraterrestres, par Mario Tessier (Solaris). Il m'instruit d'une réflexion sur les rapports entre théologie, science et science-fiction. Un encadré rappelle également l'intérêt des Jésuites et de diverses fratries utilisés en SF. Finalement, j'y pense, eh oui, le diable, l'apocalypse et moult figures ont été utilisées dans l'écriture de l'imaginaire. Me voilà rassurée. Mais pourquoi n'ont-elles pas été nommées lors de l'atelier ? Pudeur ? Dissociation conceptuelle ?
Pour ma part, je retiens que j'ai beaucoup à apprendre du métier d'écrivain et, surtout, à ne pas hésiter à lâcher encore plus lousse la folle du logis.
© Colette Bazinet, 2014