Mon cas n'est pas unique. J'ai peur de mourir et je suis navrée d'être au monde. Je m'en irai comme je suis arrivée. Intacte, chargée de mes défauts qui m'ont torturée. Violette Leduc (1964), La Bâtarde
La
vie d’Adèle. Je n’ai pas aimé. J’anticipais un film voyeur au scénario
ténu, c’était pire. Des longueurs, un abus de très gros plans insignifiants (le
réalisateur rêvait-il d’une fellation tant il insiste sur la bouche?), des
scènes de bouffe, la gueule ouverte et pleine au risque de se cracher dessus,
la morve au nez — inutile! Et ces plans d’Adèle dormant… pris afin de mettre en
évidence le postérieur de la dame… facile. Le déroulement du temps mal rendu.
Bref. Au moins, pas de suicide ou de fin dramatique – j’ai cru un moment que
l’on n’y échapperait pas. Et, pour ceux et celles qui en doutaient,
démonstration est faite que des femmes jouissent sans homme et sans godemichet
(CQFD?). Une histoire diluée alors que plusieurs éléments auraient gagné à être
davantage exploités, telles les réactions lesbophobes des copines lycéennes, la
double vie en fonction des milieux de travail (montrée mais sans les enjeux). Ce
que j’ai préféré? La bande-annonce de Violette.
Violette.
Se percevoir indésirée l’a-t-elle amenée à se voir si laide? La bâtarde ne laisse pas indifférente
dans sa quête impossible d’amour et de reconnaissance. Cette battante, peu
douée pour le bonheur, finira-t-elle par se trouver une place au soleil? Poussée
à écrire d’abord par Maurice Sachs, Violette Leduc devient par la suite la
protégée de Simone de Beauvoir, persuadée du talent qu’elle découvre. La Leduc
incarne-t-elle l’émotion pure dont la philosophe semble parfois si loin? Un
bien étrange duo. L’engagement de l’une et l’amour de l’autre donneront
naissance à une œuvre, à une écrivaine.
En soi, le scénario aurait pu être une
pure fiction : le récit débute pendant la Seconde Guerre, on y traite de
la question de la relation à la mère et de celle à l’écriture comme exorcisme. Il
a le mérite d’être biographique. Il touche à plusieurs personnalités publiques —
on aurait apprécié en savoir plus —, mais surtout dévoile une œuvre. Les
citations, choisies avec soin, créent l’émotion.
Dans Séraphine, Martin Provost avait rendu attachant son personnage.
Avec Violette, un bémol, est-ce dû à l’individu ou à son rendu? L’écrivaine
maudite en son temps n’était pas connue pour son caractère facile : personne
à la vie rude, elle affina son expression dans l’écriture. On aurait peut-être souhaité
mieux sentir le gouffre émotif de l’autofiction, la douleur du plongeon, la
relation tordue à soi et aux autres.
Toutefois, voilà un réalisateur qui
ne craint pas de consacrer son art à des créatrices peu connues du grand
public, dans des duos mettant en scène leur bienfaiteur et bienfaitrice. Est-ce
la position qu’il adopte ce faisant? Peut-être faudrait-il le psychanalyser…
Quoiqu’imparfait, Violette mérite d’être vu et écouté,
Violette Leduc d’être connue et lue.
Violette
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Adèle
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La résilience de Leduc
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Le choix des extraits cités
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Pertinence du propos
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La difficile prise de parole des femmes
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Le portrait des deux protagonistes
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L’amour et la souffrance, moteurs de création
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La bande-annonce de Violette avant le film
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Les personnages ne meurent pas
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Les comédiennes
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J’aurais aimé m’attacher davantage ou
détester, mieux sentir la personne, au-delà des larmes.
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La photographie
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Les longueurs
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Les scènes inutiles (alimentation, morve…)
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Le voyeurisme du réalisateur
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© Colette Bazinet, 2013
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