samedi 31 août 2013

L'opium me manque



L’opium me manque. Je sais, un mirage. Il me manque quand même. L’opium dont je suis sevrée, le XXX, une variété unique dument enregistrée.
Au solstice de juin, je l’ai muté en chalet dans un village d’artistes. Touristique certes, cette région combien désirée. J’y cherchais une maison alors que j’en avais une. Alors, je l’ai amenée, cet été, rencontrer les artistes. On s’y était souvent arrêtées. Cette fois, l’escale s’est transformée en port d’attache. Bassin par ailleurs fort mal protégé de la bise, surtout avec le montant; pas dormable. L’estomac encaisse un coup avec la houle qui prend le bateau par le travers, dans un roulis non seulement incessant, mais qui peut se durcir, tirant sec sur les amarres raidies, le quillard balançant allègrement au bout de la pointe tribord pour revenir brusquement sur la bâbord, secouant le tout d’un vibrato surprenant. Des drisses claquent, les mâts se déguisent en lugubres tuyaux d’orgue.
Au début de la saison, j’ai essayé. Embarcation d’écriture, j’écrivais. Puis je suis allée à terre. Puis j’ai mangé à terre. Mon foie demandait du repos. Et là, je me relâche. D’autres attraits ont joué. Fête Arc-en-ciel, souper avec des amies, demande de bourse à compléter. Du nordet était annoncé toute la semaine, jusqu’à 30, 35 nœuds. J’ai failli, chute de courage. Peut-être. En même temps, je suis heureuse, j’ai réalisé mon rêve d’y habiter, d’y vivre des gens de terre et des gens de mer. D'y écrire.
Que douze jours éloignée et déjà je m’ennuie. De mon voilier, L’Opium XXX, un Mirage 25. Ma drogue maison. Mon embarcation d'écriture.


Comment survivrai-je l’automne venu?


©Colette Bazinet 2013 

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