mercredi 26 février 2014

À vos agendas: Vues parallèles s'en vient!


du 27 au 30 mars 2014 au cinéma Cartier


Vous dire comme j'ai hâte ! Je suis une fan finie du cinéma LGBT : moment de rassemblement, de rires, de pleurs, de colères bref, de toutes ces émotions soulevées par le 7e art. Ces manifestations permettent de suivre l'histoire géosociopolitique de nos communautés lesbiennes, gaies, bi et trans, de prendre le pouls, de se familiariser avec les gens d'à côté. Fictions, documentaires, courts et longs métrages, j'ai appris sur les réalités qui me sont moins familières, je me suis divertie, j'ai fait des sorties en amoureuses, rencontrées des gangs de chums… Je fréquente Images+nations, version montréalaise rendue à sa 26e édition, depuis ses débuts. J'en ai sauté fort peu, même depuis que je vis dans la vieille capitale et malgré mon anglais souvent déficient (surtout les quinze premières années). De bonnes âmes m'aidaient. Il fallait que je sois motivée ! Et voilà que quelques maniaques se sont lancés dans l'aventure à Québec et ont créé le festival Vues parallèles.

Ces courageuses et courageux passionnés proposent une troisième mouture du 27 au 30 mars 2014, au cinéma Cartier. Cette première collaboration avec le Cartier offre de nouvelles opportunités : qualité de diffusion, possibilité de projections en parallèle (sans jeu de mots), salles mieux aménagées, plus grand confort. En effet, Vues parallèles se bonifie à chaque édition. Lors de la première assemblée générale, tenue le 17 février dernier, de belles nouvelles nous ont été transmises. Alors là, quel coup de coeur !

Du côté des filles

D'abord, réservez votre samedi soir. Le 29 mars. Il y aura simultanément un film de filles et un de gars ! Pour le reste, je l'ignore : la programmation complète devrait paraître la première semaine de mars. Toujours est-il que je dois vous parler d’une perle que je reverrai !

Vous aimez les histoires d'amour, ou les biographies de femmes remarquables, ou les faits vécus, ou les paysages ? Tout cela est réuni dans un même scénario, Reaching for the moon (Flores Rares), production brésilienne 2013. Et contrairement à Montréal, ici un effort fou est fait afin d'obtenir des sous-titres en français. À ne pas manquer !



bande-annonce de Reaching for the moon / Flores Rares
http://www.youtube.com/watch?v=654X8V2bwA0


De plus, présence d'invitées et d'invités d'honneur. On ne nous a rien soufflé, mais je soupçonne qu’il s’agit, entre autres, de la réalisatrice de la récente web-série sur http://lezspreadtheword.com/


À retenir :

La programmation sort dans la première semaine de mars. À surveiller sur : http://www.vuesparalleles.org/

Vues parallèles se tient du 27 au 30 mars 2014
Au cinéma Cartier, 1019, rue Cartier, Québec



© Colette Bazinet 2014



mercredi 12 février 2014

Quand la mémoire s'éclate

J'avais appris la chose à 14 ou 15 ans. Le zéro absolu, l’échelle Kelvin. Je connaissais son équivalent en Celsius — centigrade si vous préférez. Tout le temps. N'importe quand. Sur demande ou sans demande. Puis l'information a sommeillé dans quelques circonvolutions d'un hémisphère cérébral, blottie au sein d'une synapse dormante. Mais je savais que je savais. On aurait pu me la demander à brûle-pourpoint, pour le plaisir d'épater la galerie. Quelque 40 années plus tard, ma copine suit un cours de photographie numérique. Elle arrive donc un jour avec les notions de température… des couleurs. Nous dérivons un peu, et soudain, amusée, je déclare et je l'ébahis avec le zéro absolu !
La réponse était sortie comme une bulle qui explosait. J'étais fière.
J’ignorais que je venais de diluer, de dissoudre à jamais cet absolu. Il ne répondrait plus à l'appel.
On aurait dit qu'il avait attendu tout ce temps pour ce moment d'éblouissement. Là, plus rien. Je dois chercher la solution sur le Web.



© Colette Bazinet, 2014

samedi 8 février 2014

trois nus


Immobilisé sur le lit au milieu d’une roulade, un bambin scrute, attentif et songeur. Au mur, trois fusains. Des esquisses, exercices de réchauffement lors d’une séance avec modèle vivant : une femme bien en chair se décline en trois tableaux. J’abhorre m’introduire dans ces espaces privés des enfants. À voix feutrée, craignant d’induire un biais ou de briser ce moment sacré, j’ose une question : « Que vois-tu ? »
Il en pointe une du doigt : « Elle a mal. » Puis la seconde : « Elle pleure ». Tournant la tête vers la troisième, femme assise au sol, il ajoute : « Elle, bien, elle va se coucher ».
Rien sur la nudité. À cinq ans, il perçoit les émotions.
J’espère encore en l’humanité.


© Lucette Dion Bazinet, 1989
La femme qui souffre


© Colette Bazinet, 2014